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Trajectoire du parc nucléaire et transformation du système électrique : l'attentisme coupable de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE)
Author | Y.Marignac |
2-02-0-00-71.pdf | |
Date | January 2019 |
Classification | 2.02.0.00/71 (FRANCE - GENERAL) |
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Synthèse La politique énergétique et climatique fixée par le gouvernement tend à privilégier la réduction de la consommation des énergies fossiles aux dépens d’autres considérations. Ce choix fait passer au second plan la question de l’évolution du système électrique, déjà largement décarboné. Celui-ci est au contraire évoqué comme un recours à court terme pour réduire la dépendance au pétrole, via la conversion à l’électricité d’usages thermiques (automobiles, chaudières fioul). La dépendance pour plus de 70 % de la production électrique au nucléaire reste pourtant un sujet crucial. Le chantier industriel et financier associé au vieillissement du parc (pour le prolonger, le renouveler ou le remplacer par autre chose) est un défi majeur qui reste devant nous. Repousser davantage ce chantier ne ferait que le rendre plus difficile. De plus, l’évolution de la compétition entre filières décarbonées, de plus en plus défavorable au nucléaire sur le plan technique et économique, remet en cause le modèle électrique français, et du même coup, le devenir de l’opérateur historique EDF. L’essentiel des fermetures de réacteurs nucléaires reporté après 2035 Le gouvernement a choisi, dès novembre 2017, de fixer comme seule priorité à court terme pour l’évolution du système électrique la fermeture des cinq centrales à charbon restant en service. Enfermé dans des mécanismes de gouvernance du système électrique et de la stratégie d’EDF favorisant le statu quo, il se fonde sur des scénarios privilégiant le maintien du nucléaire et pariant sur un fort niveau d’exportation électrique aux dépens d’autres options pour reporter toute action d’envergure. Et justifie cette décision par un prétendu pragmatisme. En fait, le gouvernement a non seulement renoncé à atteindre l’objectif de réduction à 50 % de la part nucléaire dès l’horizon 2025 prévu par la loi, mais même à l’atteindre aussi vite que possible après cette date. La PPE propose ainsi de reporter cette échéance aussi loin que 2035. Les scénarios à sa disposition démontraient pourtant la possibilité d’atteindre cet objectif dès 2025, au prix toutefois d’une tension pouvant conduire à augmenter temporairement le recours à la production thermique. Et de l’atteindre au moins en 2030 en écartant ce recours, et en ne substituant que des énergies renouvelables au nucléaire . La figure 1 illustre comment la trajectoire PPE jusqu’à 2035 diffère les fermetures par rapport à une trajectoire lissée correspondant à cet objectif. Le gouvernement choisit ainsi de ne prévoir la fermeture que de 12 à 14 réacteurs entre 2025 et 2035, contre 25 au moins dans les scénarios plus conformes à l’objectif. Hormis Fessenheim, il ne s’engage sur aucune autre fermeture pendant la période prescriptive de la PPE (2019-2023), et sur deux autres fermetures seulement pendant la période indicative (2024-2028). Cet attentisme coupable entraîne deux risques majeurs, portant sur la gestion dans la durée du parc nucléaire et sur la rentabilité du système électrique.